Un Personnage à Londres
J’ai laissé mon Personnage chez un éditeur anglais. Pour que sa voix de Molière apprenne un nouveau langage. Je lui ai dit : « Tu es sage, tu attends bien patiemment. » Mais il est bien trop semblable à celle qui l’a créé : A la première occasion, il a dû prendre la porte. Il a filé à l’anglaise, s’est dérobé, envolé. Jean aime trop la liberté. Je ne peux pas lu en vouloir, nous l’avons apprise ensemble, sous le ciel de l’Italie.
Où est-il mon personnage ? Dans quel rue, quel paysage erre-t-il en ce moment ? Je l’imagine, souriant, installé dans l’autobus. Il est monté à l’étage, s’est assis juste à l’avant et il s’en va, il voyage… Comme les petits enfants qui se battent pour ce siège, il savoure cet instant où il est le conducteur. Mais ça fait déjà longtemps qu’il a lâché le volant…