Esclaves de l’été

Il fallait se lever bien avant le soleil ou bien juste au moment où l’on apercevait les pâles rayons rose à travers les volets. Pas besoin de réveil car la température commençait à monter et déjà le matelas devenait trop humide. Le jour se levait lentement. C’était l’heure du roman.

Et je me replongeais dans cet autre voyage sous d’autres ciels brûlants… Mais par pour très longtemps, car le soleil de Patras me rappelait à l’ordre et petit à petit, je sentais que ma main ralentissait sa course. La phrase m’échappait, l’encre devenait sèche et la page trop blanche se changeait en désert où les mots s’éteignaient comme de simples mirages. Neuf heures, neuf heures et demi… Il est temps d’arrêter.

Car bientôt le soleil dicte ses volontés et il faut obéir. Il faut baisser les armes, les bras, la main, la plume. Il faut le laisser faire et ne pas résister. Car nous sommes enchaînés.

Marche sous les rayons, le front un peu baissé. Marche dans le cratère et bientôt nos épaules portent le poids du ciel. Une voûte de feu que rien ne peut éteindre et qui à chaque pas nous rend un peu plus lourds. Marche un peu au hasard en suivant les zones d’ombres qui sont comme des pierres dans un torrent de lave. Il faut le traverser. Pourquoi ? Pour aller où ? Les questions s’évaporent, il faut juste avancer.

Près de la place Georgiou, l’oasis apparaît… La vitrine du café étincelle comme une braise. Mais l’on sait que derrière la petite porte vitrée, c’est l’air climatisé ! On se redresse un peu, on veut accélérer mais là-haut le soleil secoue lentement la tête : Non, non… Alors d’un pas soumis, on se laisse porter en rêvant de courants d’air et de verres en plastiques remplis de glace pilée qu’on regardera fondre jusqu’à la nuit tombée.